En 1212, le comté d'Auvergne, le long du val d'Allier, a été en grande partie conquis par le roi de France. Mais à côté de cette Terre devenue royale, subsiste le deuxième comté, celui de Dauphin d'Auvergne, avec sa place la plus riche et la plus prestigieuse : Montferrand. A la fin du XIIème siècle, Dauphin a confié
Montferrand à sa femme, la comtesse G., décédée
vers 1199, et à leur fils Guillaume. En 1225, Guillaume veut marier
sa fille Catherine au sire de Beaujeu, en lui donnant Montferrand
en dot. Mais il sait que sa seigneurie ainsi démembrée
se trouve affaiblie et peut attirer les convoitises, notamment de
l'évêque. Il souhaite donc la protéger en se rapprochant
du nouveau roi de France. Louis VIII règne en effet depuis
1223 : il a succédé au redoutable Philippe Auguste son
père. |
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De
leur côté, les Montferrandais, qui jouissent des privilèges
de leur charte depuis 1196, désirent développer leur ville en
renforçant leurs foires, déjà réputées, pour en
faire les plus importantes de la région.
Le comte Guillaume et les consuls de Montferrand partent
ainsi ensemble à Paris au printemps 1225 pour négocier avec le roi.
Louis VIII accepte leurs demandes respectives, mais en échange, il
exige l'hommage solennel de Guillaume et le versement par les habitants, chaque
année à la chandeleur, d'un marc d'or, c'est-à-dire 244 g d'or ou leur
équivalent en monnaie courante. Cet impôt supplémentaire
est ensuite régulièrement acquitté par les Montferrandais
jusqu'au XVIII ème siècle, car il assure la primauté
de leurs foires dans toute la région.
les reconstitutions historique
Cérémonie du vendredi
4 juin 1999, château de Montferrand.
Guillaume, Dauphin d'Auvergne reçoit en son château les huit consuls
de Montferrand. Il doit en effet les entretenir d'une affaire importante :
le mariage de sa fille Catherine avec le sire de Beaujeu : il pense donner
en dot sa châtellenie de Montferrand.
Les délégués de la ville sont
inquiets, ce changement pourrait susciter les convoitises et notamment
celles de l'évêque de Clermont. Guillaume en est conscient
aussi désire-t-il prêter hommage au roi de France Louis VIII afin
de mettre Montferrand sous la protection du souverain. Cela ne rassure pas pour autant les consuls qui craignent que le roi n'en profite pour amoindrir les privilèges de leur cité. C'est pourquoi, Dauphin leur propose de l'accompagner dans son voyage afin qu'ils puissent directement plaider leur cause. |
Cérémonie du samedi 5 juin 1999, palais royal de la cité
Après une semaine de voyage,
Guillaume et les quatre consuls délégués par les
habitants arrivent dans la capitale. Le roi de France, en compagnie de
sa femme Blanche de Castille, des enfants royaux et de ses officiers,
reçoit tout d'abord Dauphin d'Auvergne. Ce dernier expose au souverain
les raisons de son voyage. Louis VIII accepte de prendre Montferrand sous
sa protection et invite Guillaume à lui rendre hommage sur l'heure.
Le roi consent par ailleurs à recevoir dès le lendemain les consuls qui l'ont accompagné. |
Cérémonie du dimanche 6 juin au matin
Vivement impressionnés, les quatre consuls
pénètrent enfin dans le palais royal. Après avoir
offert moult cadeaux au roi en témoignage de leur fidélité,
ils exposent leurs craintes et demandent au souverain de bien vouloir
leur accorder sa protection et maintenir leurs foires comme les premières
et plus importantes de la région. Louis VIII consent à faire des habitants de Montferrand des bourgeois du roi, il assure par ailleurs la primauté des foires : tout marchand étranger doit vendre en premier lieu ses produits sur les marchés montferrandais. |
Tout cela ne va pas sans contrepartie et le souverain réclame outre l'hommage des habitants, le paiement annuel d'un marc d'or. Les consuls sont surpris : la somme est colossale, elle représente en effet 10 à 20 % des revenus du consulat. Néanmoins, après mûre réfléxion, ils se plient à la volonté du souverain.
Cérémonie du dimanche soir, château de Montferrand
Les consuls et leur Dauphin sont de retour à Montferrand.
Tous les habitants sont réunis et attendent impatiemment le récit
des événements. Les consuls énumèrent les différents avantages accordés par le roi mais hésitent à leur avouer que la ville est désormais taxée d'un impôt supplémentaire. A cette annonce, les réactions sont en effet très vives, mais Dauphin les tempère en expliquant aux habitants que la taxe sera rapidement amortie par les avantages qu'elle procurera à chacun. Effectivement, le marc d'or fut payé régulièrement jusqu'en 1731, date de la réunion de Clermont et de Montferrand, attestant ainsi, combien ces privilèges accordés en 1125, furent avantageux pour Montferrand. |